Benoît Siohan, Laurent Aquilo et Michel Moreau Le Télégramme 30/07/2001
Les années Gourcuff. "Je laisserai une trace"
1982 -1986, puis 1991- 001 : c'est à quatorze années, l'équivalent de deux septennats, que Christian Gourcuff va tourner le dos ce soir peu avant 22h. "Il y aura certainement beaucoup d'émotion", prévient celui dont le nom restera pour très longtemps indissociable de la plus belle époque du club. Gourcuff et le FC Lorient, ce sont d'abord des résultats : entraîneur-joueur entre 1982 et 1986, le Finistérien avait pris l'équipe en DH et on la lui avait reprise alors qu'il venait de manquer d'un rien son maintien en D2 ; entraîneur tout court de 1991 à ce soir, il avait repris l'équipe en D3 et s'en va sur une nouvelle montée en D1, trois ans après y avoir conduit le club pour la première fois. "Je laisserai une trace"
Gourcuff et Lorient, c'est aussi un style : on parle désormais du football "à la lorientaise" comme on parle du jeu "à la nantaise". De cela, Gourcuff est fier, sans fausse pudeur : "Objectivement, même si le temps efface beaucoup de choses, je laisserai une trace, à travers les résultats et l'identité qu'on a su créer". Comme toutes les histoires d'amour, celle qui a uni Gourcuff à Lorient a connu des hauts mais aussi des bas : comme tous les entraîneurs, le successeur de Le Guen à Rennes a pu constater à de nombreuses reprises à quel point la roche tarpéienne peut être proche du Capitole. Gourcuff a encore en mémoire les sifflets et les sarcasmes de la veille tribune du Moustoir, certaines mauvaises années. Ses oreilles en résonnent tellement fort chaque soir de match que tous les hommages qui lui ont été bruyamment rendus depuis dans ce stade, à l'occasion de la première montée notamment, n'ont jamais franchi ses tympans.
Double épanouissement
Les histoires d'amour finissent mal… en général. Celle-là fera exception : parce qu'en hissant de nouveau son équipe en D1 et en annonçant son départ dans la foulée, l'entraîneur a la sortie qu'il mérite, alors qu'il avait frôlé l'escalier de service il y a quelques mois. Cette histoire qui s'achève est belle également parce qu'à l'heure de la séparation, elle laisse deux protagonistes qui ont grandi et se sont épanouis au contact l'un de l'autre. Lorient a offert à Gourcuff le temps et aussi les obstacles qui lui ont permis de se construire à la fois une compétence et une réputation; Gourcuff a permis à Lorient de monter enfin dans le train du professionnalisme, avec qui plus est un billet de première classe en poche. Il reste maintenant à espérer que ceux qui se séparent ce soir continueront de s'épanouir, chacun de leur côté.
Gourcuff et le FCL
Première époque - 1982 -1983 (DH) : montée en D4. - 1983-1984 (D4) : montée en D3. - 1984-1985 (D3) : montée en D2. - 1985-1986 (D ) : descente en D3
Deuxième époque -1991-1992 (D3) : 1er (montée en D2) -1992 -1993 (D ) : 18e (descente en N1) -1993-1994 (N1) : 4e -1994-1995 (N1) : 1er (montée en D2) -1995-1996 (D ) : 12e -1996-1997 (D ) : 8e -1997-1998 (D2 ) : 2e (montée en D1) -1998-1999 (D1) : 16e (descente en D2) -1999- 000 (D ) : 13e - 2000- 2001 (D ) : ? (montée en D1).
14 ans de règne
1984-1985 Roger Marette, l'homme au pied gauche en or et Christian Gourcuff , alors entraîneur- joueur du FCL, connaîtront cette saison les bonheurs de la montée en D2. La première de Gourcuff. Les Merlus et leur célèbre maillot Breizh Pesked, l'entreprise du président Jean-Maurice Besnard, terminent 1er en D3 avec 42 points devant Laval (41), et la réserve nantaise (40). Colas était le meilleur buteur du groupe avec 20 buts.
1992-1993 Kerhuiel et Le Lay quittent la D2 tête basse. Lorient termine dernier du groupe B avec seulement 3 victoires, 15 points et la plus mauvaise défense (63 buts encaissés).
1994-1995 C'est la fête dans les vestiaires lorientais autour du président Guénoum. Pierrick Le Bert et les Merlus, premiers du groupe A de National 1 avec 46 points, montent en D2.
1997 - 1998 Stéphane Pédron fête la première montée du club en D1 dans les bras de Djima Oyawolé après la victoire face à Wasquehal (1- 0). Le meneur de jeu lorientais éclate au grand jour après une saison de feu.
1998-1999 Vendredi 7 août 1998. Les Merlus jouent le premier match en D1 de leur histoire au Moustoir face à un gros poisson, Monaco. Tout commence bien puisque Bouafia échappe à Dumas et s’en va battre Barthez dès la 22 e minute mais Monaco s’imposera 2-1 grâce à un penalty de Giuly à deux minutes de la fin. L’apprentissage sera long et la fin cruelle. Battu à Monaco lors de la dernière journée sur un but d’Ikpeba dès la 5 e minute, Lorient retombe en D2 pour un petit but au goal-average. Montero pleure dans un Louis-II désert et silencieux.
2000 - 2001 Le bonheur de Christian Gourcuff lors de la victoire face à Nice (3- 0) et de l'extraordinaire troisième but de Darcheville au Moustoir lors de la 21e journée. L'entraîneur emblématique des Merlus peut partir avec un grand sourire, celui de la satisfaction du devoir accompli.
La 3eme époque est en cours d'écriture !
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