Il est clair qu'on manque cruellement d'équilibre sur nos ailes, ce qui participe à ce sentiment un peu bizarre d'une équipe qui vient s'encastrer dans la défense adverse sans avoir de véritable alternative.
Hier, on a encore vu Faivre dézoner et assécher le côté droit, réalisant de mémoire une seule bonne percussion sur l'aile mais finissant par un mauvais centre. On a vu du mieux avec les dézonages de Ponceau, quand il est venu apporter le surnombre à droite, et là pour le coup on a vu de jolies combinaisons car qu'on le veuille ou non, en termes de rapidité à lâcher le ballon, il n'y a pas photo entre Faivre et Ponceau.
Le souci c'est qu'on n'a pas un monstre offensif en la personne de F. Mendy, résultat les entrées de Faivre dans l'axe ne donnent pas lieu à un déboulé du latéral dans l'espace libéré, et c'est donc très facile à défendre pour l'adversaire. Une équipe qui joue haut pourrait vraiment exploiter des triangles intéressants avec un jeu Faivre->Abergel->Latéral droit en percussion qui permettraient d'aspirer le défenseur adverse, de poser un dilemme, et ensuite de trouver un relai extérieur. On le fait parfois avec Kalulu, mais puisqu'il refuse de centrer en première intention, il annihile systématiquement le bon travail réalisé, et revient en arrière.
A gauche, on a vu un peu le problème inverse hier. Beaucoup de très bonnes combinaisons avec un Ponceau plutôt intelligent dans ses déplacements (il a su dézoner, et bien combiner avec Mendy qui montait très haut), mais du coup c'est sur le plan défensif qu'on a un peu péché, non pas parce que Mendy a mal défendu (au contraire, il a plutôt bien géré son couloir rapport à ses dernières sorties), mais parce qu'alors que l'équipe joue haut, dès que l'adversaire récupère le ballon on se replie en catastrophe au lieu de maintenir le pressing et d'asphyxier l'adversaire à la relance. On a un peu corrigé ça sur quelques phases (après le premier but strasbourgeois, et après la réduction du score), et on a vu qu'on était capables de récupérer très vite, très haut, et de ramener le danger vers les cages adverses en exploitant bien le travail réalisé à gauche. Nos centres ont été plutôt mal gérés, souvent délivrés un peu trop précipitamment, mais l'intention était là et avec un peu plus de complémentarité offensive (les déplacements de Dieng et Tosin étaient assez peu tranchants, et rarement synchronisés) et de variété dans les transmissions (centre en retrait, centre au deuxième poteau), on devrait pouvoir marquer de manière régulière.
Il est intéressant de constater que défensivement, c'est le côté droit qui a le plus souffert alors que c'est finalement celui qui s'est le moins livré. La différent tient surtout à l'écart entre les joueurs. Entre un Faivre qui dézone et un F. Mendy qui ne monte pas, on laisse un boulevard aux adversaires pour construire, et profiter des hésitations de la défense pour gagner des mètres ou des fautes, selon si on recule ou si on se livre. A l'inverse à gauche, même si on a pu prendre quelques contres, la proximité entre Ponceau et Mendy a permis de gagner de nombreuses touches haut sur le terrain, et de mieux contrôler les contres Strasbourgeois. On a surtout été mis en difficulté sur les ballons emmenés par Ponceau, qui a manqué de physique pour gérer les duels.
L'idée de basculer en 451 n'est pas inintéressante en soi, mais pour ma part j'ai tendance à considérer que la différence entre un 451 et un 433 tient simplement à la mentalité des joueurs de couloir qui peuvent soit jouer très haut (comme ailiers, en soutien de l'attaquant) ou comme milieux de terrain, plus proches de leurs défenseurs. On essaie déjà beaucoup de le faire avec le 442, mais il se transforme souvent en 424 avec Faivre et (au choix) Le Bris, Ponceau ou Mendy très haut sur le terrain, laissant Abergel et (au choix) Bakayoko ou Innocent pour remonter les ballons. C'est criant quand on est menés au score, on se délite totalement, et on abandonne l'idée d'avoir des joueurs proches les uns des autres. Nos offensifs jouent quasiment sur la ligne de hors-jeu, mais personne ne décroche judicieusement pour amener des solutions à la construction et aspirer l'adversaire. On multiplie les passes inutiles : le passeur en désespoir de cause va trouver un partenaire déjà serré au marquage, qui rejoue derrière, et finalement on envoie un long ballon devant puisque de toute façon, tout le monde est déjà aux avant-postes.
442 ou 451, le problème tient au fait qu'on n'a pas de véritable relayeur sur la ligne du milieu de terrain, et que nos ailiers jouent trop loin du porteur de balle. Globalement, ça manque de courses, ça manque d'efforts pour se démarquer et se donner précisément les quelques mètres d'écart avec le défenseur qui permettent ensuite de se retourner et délivrer un ballon vers l'avant.
Les deux seuls à y parvenir dans l'effectif, ce sont Abergel et Kari, raison pour laquelle je pense qu'on serait probablement plus intéressants dans la construction avec un système à trois au milieu (le fameux 451) qui associerait les deux. Idéalement : Abergel - Bakayoko - Kari. Ou, si on veut intégrer Ponceau à la rotation : Kari - Abergel - Ponceau. Deux, voire trois joueurs capables de mettre l'équipe dans le bon sens, cela nous permettrait de compenser les errements tactiques devant, et de trouver ensuite les bonnes passes vers les joueurs offensifs. Le souci de ce choix, c'est qu'il faudrait jouer avec une seule pointe, et ça on ne sait pas bien faire.
On n'y parvient pas parce qu'on essaie systématiquement de s'appuyer sur nos ailiers pour faire la différence, alors qu'ils devraient plutôt se concentrer sur le fait de donner de bons ballons à leur buteur, et que marquer devrait être un heureux hasard et non une fin en soi. Deuxième difficulté, on manque clairement d'un attaquant régulier et efficace capable d'occuper seul le front de l'attaque, d'user les défenseurs, et de dégager de l'espace pour ses coéquipiers. Hier, l'attaquant strasbourgeois a parfaitement joué ce rôle, il a été intenable dans les appels, costaud dans les duels, il a joué en profondeur, en décrochage, dans la largeur, il a disputé tous les ballons possibles et imaginables, et il a clairement pesé sur notre charnière à lui tout seul, bien plus que Tosin et Dieng combinés. Aujourd'hui, on n'a pas grand monde capable de répéter ça de manière régulière. Tosin est un poison, mais il est encore trop fragile, et son match d'hier montre qu'il a besoin de retrouver du rythme. Dieng est combatif, il a fait de gros progrès, mais il doit encore prouver qu'il peut évoluer seul devant : c'est plus facile de trouver des espaces avec un partenaire. Kroupi est très intelligent, mais il manque de beaucoup de choses pour peser : de poids physique, de grinta dans les duels, d'explosivité pour attaquer la ligne de hors-jeu et forcer la défense à réagir à lui. Doucouré est imprévisible, mais illisible pour ses partenaires, et il manque de beaucoup de choses pour tenir le ballon devant et être à la conclusion des actions (notamment d'explosivité pour aller mettre le pied).
L'attaquant qui m'aurait bien plu dans ce registre, c'est Soumano : je le trouvais très complet, avec un jeu assez équilibré, et un état d'esprit très combatif.
Bref, encore de passionnantes discussions tactiques, qui montrent bien qu'on n'est pas encore à la fin de nos pérégrinations cette saison, et que RLB n'est pas prêt de dégager une équipe-type performante.
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